Un peu d’histoire…

L’histoire de la cosmétique se confond avec celle de l’Homme. Des peintures minérales à base de pigments et de corps gras, datant de la préhistoire, ont pu être retrouvées. L’utilisation des cosmétiques s’est poursuivie depuis, avec des onguents, huiles, parfums ou peintures, servant à des fins spirituelles, rituelles ou médicales.

Plus récemment, le 20ème siècle a vu l’explosion des produits et des marques. Si le domaine agro-alimentaire a vécu une révolution avec l’agriculture intensive, les engrais chimiques et les OGM, entre autres, l’industrie cosmétique n’est pas en reste. En quelques générations, sont apparus les dérivés de pétrole, les parfums, silicones et autres produits de synthèse.

Une conséquence logique de tous ces changements, pour qui n’a pas passé un doctorat de chimiste, est simple : le consommateur ne sait plus que penser et donc se méfie de ce qu’il mange, boit, respire ou met sur sa peau.

De plus, de nouvelles tendances et exigences sont apparues, telles que le véganisme, le bien-être et le respect animal, ou le bio.

 

Quelques idées reçues… le naturel, le bio et le bio dans la cosmétique

Tout d’abord, je précise que je suis dirigeant de société cosmétique. Mon avis n’est donc pas forcément impartial, en tout cas, certains le penseront et c’est leur droit. Cependant, j’avance à visage découvert, j’assume mes propos et j’accepte le débat.

Mon but, dans cet article, consiste simplement à énoncer des faits et à préciser ma position et celle de notre société, Predige SA. Voici donc, pour commencer, quelques affirmations largement répandues et quelques commentaires les concernant.

 

Les produits naturels, c’est mieux !

Oui et non. L’acide sulfurique et le pétrole se trouvent à l’état naturel dans la nature. Par contre, je serais pour le moins assez sceptique concernant leur usage sur la peau. De même, la ciguë ou amanite est naturelle et néanmoins mortelle.

Donc, je suis tenté d’affirmer que la nature nous fournit de fabuleux produits naturels. Encore faut-il les sélectionner, en extraire les actifs et les utiliser avec précaution.

De manière plus générale, chez Predige, nous sommes partisans d’utiliser autant que possible des actifs d’origine naturelle, sans empêcher l’usage de produits de synthèse quand il n’y a pas d’équivalent naturel.

 

Il faut bannir tous les produits chimiques !

Cette affirmation n’a aucun sens. Tout ce qui nous entoure est composé de produits chimiques. Le savon de Marseille (saponification) ou un œuf au plat (coagulation) résultent tous deux de réactions chimiques. Comme pour les produits « naturels », certains produits « chimiques » sont bénéfiques pour nous, ou néfastes, voire dangereux. Il y a de bons et de mauvais produits chimiques.

 

Il faut bannir tous les produits synthétiques !

C’est aussi insensé que de vouloir supprimer tous les produits chimiques des cosmétiques. Une substance synthétique élaborée en laboratoire peut reproduire une molécule existant dans la nature, auquel cas il sera impossible de différencier le naturel du synthétique. Comme pour les produits chimiques, il existe de « bonnes » et de « mauvaises » substances synthétiques.

 

Conclusion : il n’y a pas de bons produits naturels et de mauvais composants chimiques ou de synthèse. Il y a juste de bonnes ou de mauvaises substances, c’est une question de sélection, d’expérience, de dosage et d’utilisation.

 

Article de http://www.vulgarisation-scientifique.com

Pour commencer, opposer "chimique" à "naturel" n’a pas de sens, les produits naturels étant eux-mêmes de nature chimique. Il faut plutôt leur opposer les produits synthétiques, obtenus en réalisant une ou plusieurs réactions chimiques sur des composés naturels, mais il serait caricatural de penser que de tels produits sont forcément nocifs et que les produits naturels sont nécessairement bons : les principes actifs de la majorité des médicaments actuels n'existent pas dans la nature et doivent être synthétisés artificiellement, tandis que de nombreuses plantes sont mortelles, pour ne citer que deux contre-exemples évidents !

 

Vive le bio, stop aux OGM !

J’avoue privilégier les aliments bio, les tomates de mon jardin quand c’est la saison et l’utilisation du fumier de la ferme voisine aux engrais chimiques. Concernant les OGM, je suis encore plus réservé. D’ailleurs, je trouve totalement anormal que la mention « OGM » ne soit pas précisée sur certains produits transformés (la viande, par exemple).

Donc, sans être dogmatique, je pense qu’il faut évoluer vers une agriculture en circuit court, sans pesticides, désherbants et engrais chimiques.

 

Concernant le bio dans le domaine cosmétique, c’est une toute autre histoire. Tout d’abord, les cosmétiques bio peuvent légalement contenir jusqu’à 5% d’ingrédients non bio !

Donc, disons-le clairement, pour leur immense majorité, les cosmétiques certifiés « bio » n’ont de bio que le nom.

 

Conclusion : à deux ingrédients d’origine naturelle donnés, il vaut mieux utiliser celui qui est bio, ne serait-ce que pour favoriser et financer la tendance vers une agriculture plus écoresponsable.

Toutefois, en cosmétique – et je ne parle que du domaine cosmétique - l’appellation « bio » trompe le consommateur et ne fait qu’enrichir les organismes de certification qui font payer une fortune des labels qui n’assurent en rien la qualité des produits.

 

Pourquoi utiliser des ingrédients de synthèse ?

Outre le fait que la certification bio trompe le monde et que ce qui est "naturel" n'est pas forcément bon et sans danger, il y a trois raisons principales à l’utilisation de composants synthétiques: réduire les risques d'allergies, améliorer la texture des produits et en prolonger la conservation.

En effet, les conservateurs et agents de texture issus de plantes, n'arrivent que rarement à des performances acceptables dans ces domaines. D’où le recours à des ingrédients synthétiques. De plus, les molécules de synthèse sont souvent employées comme parfum, pour éviter les allergies causées par les parfums naturels et huiles essentielles. Par exemple, l'huile essentielle d'orange contient des allergènes biens connus que sont les limonène, linalol et citral (géraniol et néral). Outre le fait très gênant d'être photo sensibilisante, cette huile essentielle ne convient pas à des préparations hypoallergéniques.

Et rappelons encore une fois que les produits de synthèse ne sont ni intrinsèquement bons ou mauvais.

Enfin, on pourrait penser que le prix d'un ingrédient constitue un critère de choix important entre un ingrédient naturel ou de synthèse. Dans les faits, c'est rarement le cas, sauf pour les produits bas de gamme pour lesquels tout centime d'économie reste bon à prendre.

 

Et un peu de bon sens ?

Lancer un nouveau produit coûte très cher. Chez Predige, nous avons la chance et le « luxe » de pouvoir nous imposer des choix forts et financièrement risqués.

Ainsi, par exemple, la tendance concernant les crèmes solaires est au spray. Toutefois, il faut savoir que pour obtenir un spray bien diffus et homogène, il faut utiliser de l’alcool comme base de diffusion. Que pensez-vous du fait d’asperger votre peau d’alcool en plein soleil ? Pour les non spécialistes de la peau, je précise que c’est une très mauvaise idée.

Chez Predige, nous avons préféré ne pas surfer sur la mode et éviter l’alcool. Ce choix nous a probablement coûté, en termes de ventes, mais nous sommes fiers de notre gamme de produits solaires, qui ne sont peut-être pas à la mode, mais qui vous protègent efficacement.

 

Note : pour toutes celles et ceux qui utilisent de la graisse à traire, de l’huile ou des produits dont l’indice de protection est bas, s’il-vous-plaît, arrêtez ! C’est un suicide pour votre peau. Si vous acceptez un conseil gratuit et désintéressé, utilisez une crème solaire, pas un spray – même d’un concurrent - et au moins un indice 30 (50 c'est mieux). Vous ferez un cadeau à votre peau, éviterez des mélanomes et bronzerez tout aussi bien et pour plus longtemps. De même n'utilisez en aucun cas vos produits solaires d'une année sur l'autre! Une crème solaire ne se garde pas plus de quelques mois, voire un an dans les meilleures conditions, à température constante. N'importe quel produit solaire qui a subi une saison de ski ou de plage doit impérativement être remplacé avant la saison suivante: les composants se séparent, changent et n'assurent plus leur rôle protecteur. Ceci n'est pas un argument marketing.

 

Un bon produit cosmétique coûte cher

Il n’y a pas de secret : les ingrédients de qualité se paient, mais ils représentent rarement une part importante du prix final. Predige ne fait aucun compromis sur la qualité des ingrédients et n’utilise donc que les meilleurs.

Un produit cosmétique vendu en grande surface à un prix de 3 euros n’a que peu de chance d’être de qualité. Si vous enlevez le contenant, la marge du distributeur, les frais de développement, de tests, de conditionnement et de certification, qui eux coûtent des fortunes … il reste peu de marge pour le produit lui-même.

Par contre, vous achèterez le marketing, pas la qualité, d’un cosmétique contenant du caviar, de l’or ou de l’eau de bain de la dernière vedette à la mode.

Donc, oui, certains peuvent juger nos produits comme étant chers. C’est le prix de la qualité, de l’usage d’ingrédients de haute technicité, d’années de recherche, de tests et d’améliorations constantes. Ils sont imaginés, élaborés, testés, fabriqués et conditionnés en Suisse, ce qui permet une traçabilité totale et cela aussi a un prix.

 

Quel est le bon produit cosmétique pour moi ?

A nouveau, la réponse n’est pas simple mais voici quelques pistes :

- Evitez les produits industriels bas de gamme. Consommez peut-être moins mais mieux

- Evitez les produits bio ou prétendus bio qui ne sont pas à 100% bio (et encore, ce n’est pas une preuve de qualité). Il vaut alors mieux privilégier un fabricant connu dont vous serez sûr qu'il aura respecté les règles sanitaires et effectué tous les tests légaux

- Evitez de penser qu’il existe un cosmétique universel. Une peau à tendance sèche n’a pas les mêmes besoins qu’une peau grasse, acnéique ou sensible, par exemple. Il vaut mieux tester les caractéristiques de votre peau puis utiliser le cosmétique adapté, vous remarquerez la différence

- Evitez le plein soleil, surtout sans protection efficace

- … et prenez du plaisir à utiliser des cosmétiques adaptés à votre peau, à vos goûts, et de qualité, car c’est agréable pour les autres autant que pour soi

 

Allergique à l’hypoallergénique ?

Un produit hypoallergénique n’est aucunement un produit garanti comme ne provoquant pas d’allergie. C’est simplement un produit qui contient, à priori, peu de substances réputées allergisantes (mais cela varie d’une personne à l’autre), telles que certaines huiles essentielles.

Quel est le principe de base pour rendre un produit hypoallergénique ? On remplace notamment les huiles essentielles servant, par exemple comme parfum par des molécules de synthèse.

Et oui, produit hypoallergénique et huiles essentielles ne vont pas toujours ensemble et utiliser un produit hypoallergénique ne garantit pas que vous ne ferez pas de réaction allergique à son usage.

 

Au sujet des applications d’évaluation de produits…

Il faut avouer qu’il n’est pas simple de s’y retrouver entre ce qui est bon pour la santé ou au contraire nocif. Nous avons vu, de plus, qu’il n’existe pas de critère simple et que les termes « naturel », « synthétique » ou « bio » ne suffisent pas à évaluer la qualité d’un ingrédient.

 

Des applications tentent de faire le tri et d’alerter de la présence d’éléments indésirables. Généralement utilisées dans le domaine alimentaire, certaines se sont lancées dans l’analyse des compositions cosmétiques, avec plus ou moins de succès.

Ainsi, des unions de consommateurs, des multinationales et autres Yuka et INCI Beauty ont lancé de tels logiciels.

 

A défaut d’être toujours fiables, ces applications ont le mérite de faire évoluer les pratiques industrielles et de faire réfléchir le consommateur, ce qui ne peut qu’être profitable.

 

Toutefois, de nombreuses questions se posent.

a. L’indépendance. Juger des produits en totale indépendance est quasiment impossible, tout simplement car réaliser de tels tests coûte de l’argent et qu’un financement non commercial est improbable. Donc, les fournisseurs de telles applications sont soit directement ceux dont les produits sont évalués, soit sujets à des influences par le biais de financements, actionnariat ou publicité.

 

b. La fiabilité. Dans le domaine alimentaire, il existe des constantes faisant l’unanimité. Par exemple, tout le monde s’accorde à dire que l’excès de sel, de sucre ou de graisse dans un produit n’est pas souhaitable. Ce critère de sélection n’existe cependant pas en cosmétique.

 

De plus, contrairement au domaine alimentaire, les produits cosmétiques n’affichent pas le pourcentage des ingrédients dans leur composition. Il est évident que l’effet d’un ingrédient sur l’organisme dépend aussi grandement de la quantité utilisée. Par exemple, mettez une pointe de couteau de votre piment préféré dans un plat ou une cuillère à soupe et vous verrez immédiatement la différence ! Donc, tout est question de quantité.

 

Les analyses de ces applications dans le domaine cosmétique ne disposent ni de références en termes de types d’ingrédients recommandés, ni d’indices de quantité pour fournir des résultats exacts. Elles se basent en fait sur un unique critère : la prétendue dangerosité d’un ingrédient.

 

Je dis « prétendue » car là aussi, ce point porte à discussion. Tout le monde s’accorde sur le fait que le pétrole est mauvais pour l’organisme et qu’il y a du pétrole dans la mer. Faut-il par conséquent interdire la baignade dans tous les océans et mers du globe ? Je dirais que non, mais j’éviterais quand même de me baigner dans un port. Tout est question de quantité et à quantité égale, un produit est bien plus actif s’il est ingéré qu’appliqué sur la peau.

Se baser sur le caractère « dangereux » d’un ingrédient pour dire qu’il est néfaste, alors même que les quantités, le temps d’exposition et le mode d’utilisation ne sont pas connus est pour le moins hasardeux. Pourtant, c’est exactement ce que font ces applications.

 

c. La vérification des informations. La plupart de ces programmes d’évaluation se basent sur des données entrées par les utilisateurs. Ceci pose plusieurs problèmes :

o Les données entrées ne sont pas forcément exemptes d’erreurs de saisie, ou de reconnaissance optique de texte

o Ces informations ne sont pas mises à jour automatiquement, par exemple en cas de reformulation de produits

o Les informations peuvent être volontairement fausses… et oui, des concurrents ou des clients malhonnêtes, ça existe

 

d. Enfin et c’est un critère plus subjectif et personnel, mais j’en ai un peu assez qu’on me dise ce que je dois manger ou être culpabilisé parce qu’un jour je vais manger un cassoulet bien gras.

Je préfèrerais nettement pouvoir trouver une sauce tomate sans sucre (alors que le sucre n’a rien à faire dans une sauce tomate faite avec des tomates mûres - non OGM et poussant en pleine terre), des vaches qui mangent de l’herbe et pas des protéines animales, des produits où « OGM » est marqué en gros quand ils en contiennent, et de la baguette mangeable en France.

Il s’agit de bon sens et d’avoir le goût des bons produits ; mais ceci, les applications ne l’évaluent pas dans le domaine alimentaire et encore moins en cosmétique.

 

Conclusion : il faut saluer les progrès réalisés grâce à ces applications, notamment dans le domaine alimentaire. Cependant, celles-ci ne disposent pas des données de base pour réaliser une évaluation impartiale et réaliste dans le domaine cosmétique, elles ne satisfont pas aux critères de contrôle basiques et ne sont ainsi pas fiables.

 

Chez Predige, nous n’avons pas attendu ces applications pour bannir tout ingrédient présumé dangereux et pour proposer des produits toujours plus qualitatifs, sûrs, éthiques et sains. Nous allons dans ce sens bien plus loin que la loi.

 

La législation et les normes ont aussi énormément évolué depuis une dizaine d’années et c’est tant mieux. Il faudrait en revanche être consistant et interdire de certifier un produit « bio » alors même qu’il contient jusqu’à 5% de non bio. Il faut remettre en question ces applications qui jugent des produits sans avoir ni les informations, ni la compétence, ni l’indépendance nécessaires pour le faire.

 

Le cas Yuka

J’ai testé 8 produits de nos gammes avec cette application. Pour tous, j’ai pu relever des erreurs de la part de Yuka. Notamment des ingrédients qui n’existent plus ou qui n’ont jamais existé dans les compositions. La note attribuée s’en ressent évidemment.

Pour information, les pourcentages d’ingrédients ne sont pas indiqués en cosmétique, ce que je déplore.

Yuka décide de façon partiale et opaque si un ingrédient est classé bon ou mauvais, sans aucune considération d’usage, exposition ou dosage.

 

Trois contre-exemples démontrant le peu de sérieux de la démarche :

- Alors que Yuka classe de nombreux produits synthétiques comme présentant des risques d’allergie (justifiant donc une mauvaise note), l’application semble ne pas considérer les huiles essentielles dans sa notation… alors que beaucoup sont aussi très allergènes. Les doses, les durées d’exposition et les intolérances propres à chaque individu font toute la différence

- Prenons l’huile essentielle de thym. Yuka ne fait aucune distinction d’utilisation de cet ingrédient et considère que si vous l’utilisez pure ou diluée, sur votre bras, ingérée ou en goutte oculaire (n’essayez pas), cela ne fait aucune différence. Je soutiens le contraire.

- De même, le chocolat est un perturbateur endocrinien mais je ne pense pas que prendre un bain dans une baignoire qui en est remplie, puisse perturber notre métabolisme.

- L’eau est bien notée. Buvez-en 10 litres et vous mourrez. Je soutiens toujours que le dosage fait la différence.

 

Pour résumer, Yuka considère de façon simpliste qu’un produit est mauvais s’il contient un ingrédient supposé mauvais pour la santé. Ceci sans aucune considération de l’effet (allergie ou intoxication, entre autres), du dosage, du type de contact (ingestion, inhalation, application cutanée), ou de la durée d’exposition. C’est induire le consommateur en erreur, répandre de fausses informations et rumeurs, et enfin diffamer des fabricants.

Toutefois, il est plus facile et rémunérateur de répandre de fausses informations que de réaliser une véritable étude avec analyse des composants et tests de toxicité.

 

Etant d’humeur taquine aujourd’hui, j’ai modifié sur Yuka la composition d’un de nos produits et celui d’une autre société partenaire en … vinaigrette. C’est très simple, j’ai copié les ingrédients (vinaigre, huile d’olive, sel - VINEGAR EXTRACT, OLIVE OIL, SODIUM CHLORIDE) sur une page Word que j’ai scannée avec Yuka. Aucun problème, j’ai pu sans aucun contrôle remplacer les ingrédients de notre produit, pour tous les utilisateurs ; nous vendons maintenant de la sauce vinaigrette !

Donc je peux, en quelques minutes, modifier n’importe quelle composition de n’importe quel produit et en changer la note. Je vous laisse tirer les conclusions que vous voulez concernant le sérieux, la fiabilité et la sécurité de cette application.

Que Yuka se permette en plus de recommander des produits alternatifs soi-disant plus « sains » et sans « aucune partialité » me laisse immensément sceptique.

 

Les perturbateurs endocriniens

Encore un sujet souvent abordé mais rarement avec les bons arguments.

Les perturbateurs endocriniens sont des substances naturelles ou de synthèse qui perturbent notre système hormonal, parfois de façon néfaste.

Tout d’abord, toute substance qui influe sur notre système hormonal n’est pas forcément néfaste, même si le terme « perturbateur » est généralement employé avec cette connotation. Ensuite, de nombreux produits naturels influent sur nos hormones et peuvent être qualifiés de perturbateurs endocriniens. Citons par exemple le café, le chocolat, la bière, le soja, les germes de blé, certains champignons, etc.

 

Enfin, on en retrouve dans l’eau, dans l’air, et pour faire simple, un peu partout. On ne peut donc pas y échapper, par contre, il apparait évident que les doses auxquelles nous y sommes exposés, ainsi que la durée d’exposition et le type d’utilisation (ingestion, inhalation, contact cutané) jouent un rôle primordial quant à l’impact de ces substances sur notre organisme.

Tout est encore question de bon sens : 12 cafés par jour, c’est trop. De même, il faut supprimer les produits de synthèse ou naturels ayant un effet néfaste avéré sur la santé, en considérant aussi leur utilisation, le dosage et la durée d’exposition maximum recommandés. Tous ces paramètres sont ignorés par les applications telles que Yuka.

 

Le seul argument « un produit est mauvais car il contient un (supposé) perturbateur endocrinien » ne suffit pas. Comme les allergènes et à peu près tout sur Terre, tout est question de bon sens et modération.

Nous supprimons les supposés perturbateurs endocriniens de nos produits, sauf dans un: la crème solaire indice 50, car personne à ma connaissance, ne sait obtenir un tel indice de protection sans filtre chimique. Toutes les crèmes solaires de cet indice en contiennent – ou nécessitent une couche tellement importante de filtre minéral (blanc, épais et collant) qu’il vaut encore mieux rester en dehors du soleil. Nous éviterons les filtres UV chimiques dans la crème solaire d’indice 50 dès que possible, en attendant, il faut choisir entre le cancer de la peau, éviter totalement l’exposition au soleil ou accepter les filtres UV chimique.

 

Le raisonnement par l’absurde

Supprimons :

- tous les produits non végan

- le café, le chocolat, la bière, le soja, les champignons, les filtres UV chimiques et tous les autres perturbateurs endocriniens

- l’alcool sous toutes ses formes et…l’aspirine, supposé perturbateur endocrinien lui aussi. Toutefois, en supprimant l’alcool, on supprime une cause majeure d’utilisation de l’aspirine, non ?

- toutes les formes d’énergie polluantes, c’est-à-dire toutes, énergie solaire comprise

- l’eau et l’air, puis les légumes, car ils sont contaminés par l’eau et l’air

Que reste-t-il ? Le principe de précaution et le suicide immédiat, par grève de la faim, overdose de champignons perturbateurs endocriniens, ou par dépression.

 

L’industrie chimique s’est énormément développée depuis un siècle et a créé des produits épouvantables à tous les titres. Toutefois, si tout le monde se montre critique, peu d’entre nous s’avouent prêts à abandonner voiture, téléphone ou dentifrice, pour revenir deux cent ans en arrière, avec une espérance et une qualité de vie divisées par deux et des dents noires.

Quel rapport avec les cosmétiques ? Tout. Arrêtons de dire que les produits chimiques (je préfère « de synthèse »), les perturbateurs endocriniens, l’alcool, le gras ou le sucre sont intrinsèquement mauvais. Tout dépend de leur usage, du dosage, voire de l’exposition. L’important est d’aller vers une amélioration et vers des produits plus sains, plus respectueux, plus sûrs et moins polluants. Encore une fois, il s’agit simplement de bon sens.

 

Note : J’affirme que les filtres chimiques ne sont pas idéaux. Cela dit, ils restent pour l’instant la meilleure option pour éviter les mélanomes. En attendant une découverte majeure dans ce domaine, qui permettrait de s’en passer, ils restent la solution la plus sure, après l’absence d’exposition au soleil.

 

Je fais mes cosmétiques moi-même à la maison

Faire ses produits cosmétiques soi-même est une tendance. Pourquoi pas… Si vous avez envie de vous amuser, voire de faire participer vos enfants, c’est une bonne idée. Toutefois, il faut respecter certaines règles. Tout d’abord, ne pas toucher les ingrédients avec les mains pour éviter la contamination du produit par des bactéries et une fois que votre produit est fini, il doit directement être placé au réfrigérateur et être utilisé rapidement.

De plus, vendre des produits faits maison est interdit. Développer, tester et certifier un produit cosmétique nécessite une équipe de chimistes spécialisés, prend des mois de recherche et de tests d’innocuité, 3 mois de test de stabilité, environ 6 mois de certification et souvent des améliorations sur des années, ce qui coûte des milliers d’Euros, nécessite un dossier administratif, des tests qualitatifs et une certification par pays où il est vendu, soit plusieurs milliers d'euros par produit. C’est le prix à payer pour que votre cosmétique puisse sortir du réfrigérateur et pour qu’un consommateur n’achète pas n’importe quoi.

 

Qu’en est-il du suremballage ?

« L’écoresponsabilité » passe par des produits plus sains pour les consommateurs et pour la nature, moins d’emballages et plus recyclables, ainsi que des processus de production moins énergivores.

 

Des produits plus sains : nous reformulons sans cesse nos produits, évidemment pour respecter la législation, mais aussi pour utiliser des ingrédients plus sains, moins nocifs pour la nature et plus efficaces. Par exemple, si une huile essentielle ou un colorant peuvent présenter des risques d’allergie, nous allons essayer d’utiliser un autre ingrédient présentant les mêmes qualités mais ayant un risque moindre de provoquer une réaction allergique.

Sur deux ans, nous allons ainsi modifier 80% de nos formules, parfois seulement pour des changements minimes.

 

Des emballages plus verts : c’est un point très difficile à améliorer et les raisons en sont souvent méconnues du consommateur.

Par exemple, la législation impose d’imprimer des mentions légales, comme la formule INCI (liste des ingrédients), sur les emballages. Ceci n’est pas possible sur de petits emballages comme les pots ou les pompes, d’où la boite en carton. Croyez-moi, on s’en passerait bien !

De plus, une certaine sécurité sanitaire est exigée par les clients et pour le stockage ; le vrac n’étant pas possible pour tous les formats (risque de casse, ou d’ouverture accidentelle).

 

Ainsi, nous essayons de trouver le meilleur compromis, en respectant les normes et les contraintes techniques, tout en gardant nos produits aisément utilisables :

- Nous utilisons le plus possible du carton et des pots en verre recyclable quand ils ne risquent pas de se casser et de présenter un risque lors de leur utilisation

- Nous sommes légalement obligés de rajouter certaines boites en carton et notices, alors qu’une vente en vrac serait possible

- Nous ne savons pas techniquement remplacer certains contenants par un équivalent en verre (ou plastique biodégradable). Des seringues ou un flacon de gel douche en verre seraient par exemple trop fragiles et dangereux. De même, nous n’avons pas de solution technique pour remplacer les pompes en plastique, pratiques, hygiéniques et sans danger de coupure

Si vous avez des solutions techniquement et légalement applicables, nous sommes à votre écoute.

 

Une production moins énergivore : nous essayons de nous améliorer. Par exemple, nous sommes en train de remplacer environ 300 luminaires néon de notre atelier de production et nos bureaux par des tubes LED consommant 60% de moins d’énergie. Ça ne changera peut-être pas grand-chose concernant le réchauffement climatique mondial mais je pense que nous allons dans le bon sens.

 

La position de Predige

Il faut avouer qu’il n’est pas simple de s’y retrouver entre le bio, le naturel, le synthétique, le chimique, l’hypoallergénique, voire le végan.

Notre position est simple et tient en une phrase : comme fabricant, nous évoluons constamment vers les meilleurs produits possibles au niveau éthique, qualitatif et sécuritaire.

Ce parti pris d’excellence, de respect du Client et de qualité est résumé dans une « Liste noire », basée sur plus de 40 ans d’expérience, qui regroupe tous les ingrédients que nous refusons d’utiliser dans nos produits – en plus, bien sûr, de tous ceux interdits. Elle est plus restrictive et sélective que l’immense majorité des produits sur le marché, qu’ils se présentent comme bio ou pas.

 

Ceci inclut :

- Autant que possible, l’utilisation de substances naturelles sélectionnées et issues de l’agriculture biologique

- Aucune substance à base de produits pétroliers ou animaux. Nos produits sont végan

- Aucun test effectué sur des animaux

- Aucun parabène, PEG, etc. ou toutes autres substances que nous considérons néfastes, même si elles sont autorisées

 

On nous vante les vertus du savon de Marseille (je ne parle même pas des copies scandaleuses sur le marché). Personnellement, je n’aime pas du tout son odeur, ni son format, ni le fait qu’il dessèche la peau. S’il était aussi génial que ça, tout le monde l’utiliserait, non ? J’avoue largement préférer un gel douche de qualité, pratique, qui sent bon et n’agresse pas la peau.

 

Pour conclure, je pense qu’il faut remplacer les aprioris par un certain bon sens. Les produits 100% « bio » (pas les certifications bio en cosmétique), c’est souvent mieux, mais pas un gage de qualité. Les produits « naturels », « chimiques », « de synthèse » ou « allergènes » ne peuvent être jugés qu’au cas par cas, en fonction de leur utilisation et en faisant preuve de discernement.

Quant aux applications de notation de produits, elles sont extrêmement peu fiables et induisent le consommateur en erreur dans le domaine cosmétique.

 

 

Le bêtisier de Predige

Dans une approche écoresponsable, nous essayons d’utiliser des matériaux recyclables. Ces essais ont parfois eu des résultats mitigés …

1. Vous avez certainement déjà vu des films plastique autour des produits. Ils ne servent a priori pas à grand-chose et beaucoup de clients nous ont demandé de les supprimer. Ce que nous avons fait, avant de nous séparer de la machine qui les pose. Cette année, la Chine vient de décider pour des raisons d’hygiène dues au Covid, que les produits importés devaient être ainsi « protégés »…

2. Suremballage : pourquoi mettre des produits dans leur flacon, avec un film cellophane, puis dans une boite en carton qu’on s’empresse de jeter, avec en plus une notice que personne ne lit ?… simplement parce que c’est une obligation légale !

3. Le verre, c’est recyclable ! Nous utilisons des contenants en verre pour de nombreux produits. Oui, mais des clients se plaignent des risques de casser leur lavabo si le pot de verre leur échappe des mains…

4. Nous avons créé un sérum génial avec 15% de vitamine C. Des clients se plaignent que le produit vire au marron après ouverture …

Madame, Monsieur, un sérum aussi concentré s’oxydera inévitablement au bout de 9 à 12 mois. Un tel produit devrait être utilisé dans les 3 mois maximum après ouverture.

 

Chez Predige, nous travaillons tous les jours à imaginer de meilleurs produits de haute technologie, plus sains, plus efficaces, plus éthiques, écoresponsables et, c’est primordial, qui vous apportent plaisir et beauté. Un grand Merci à nos fidèles clientes et clients, ainsi qu’à nos cosméticiennes.

 

Predige SA

Philippe Schlier

philippe.schlier@predige.com

CEO & Président